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Dernières notes de lecture et archives >>> |
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BADIE (Bertrand)
La diplomatie des droits de l’Homme. Entre éthique
et volonté de puissance
(Paris : Fayard, 2002, 324 p., collection “ L’espace du politique ”,
20 euros).
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CREMONA (J.J.)
Selected papers (T. II), 1990-2000
(Malta : Publishers Enterprises Group Ltd, 2002).
-
TAVERNIER
(Paul) (dir.)
Recueil juridique des
droits de l'Homme en Afrique
(1996-2000)
(Bruxelles : Bruylant, 2002, XXIII+1312 p., collection CREDHO, n° 2,
90 euros).
-
Institut pour les droits
humains et le développement (Banjul, Gambie)
Compilation des décisions sur les communications de la Commission
africaine des droits de l’Homme et des Peuples. Extraits des rapports
d’activités 1994-2001
(Banjul :
Institut pour les droits humains et le développement, 2002, VIII-464
p.).
-
MOULIER
(Isabelle)
Namibie.
GANUPT (1989-1990)
(Paris
: Editions Pedone, 2002, 230 p., coll.
CEDIN Paris I, L’ONU
et les opérations de maintien de la paix).
-
GOY
(Raymond)
La Cour internationale de Justice et les droits de l’Homme
(Bruxelles :
Nemesis-Bruylant, 2002, 222 p.).
-
BERNARDET
(Philippe), DOURAKI (Thomaïs)
et VAILLANT (Corinne)
Psychiatrie, droits de l’Homme et défense des usagers en Europe
(Ramonville
Saint-Agne : Erès, 2002, 359 p.).
-
ALDEEB
ABU-SAHLIEH
(Samir A.)
Les Musulmans en Occident entre droits et devoirs (préface de
Guy Hennebelle)
(Paris :
L’Harmattan, 2001, 296 p.)
[cette note de lecture figure également dans la
bibliographie "Islam et droits de
l'Homme"]
et
Cimetière musulman en Occident. Normes juives,
chrétiennes et musulmanes
(préface
de Michel Rossetti)
(Paris :
L’Harmattan, 2002, 168 p.)
[cette note de lecture figure également dans la
bibliographie "Islam et droits de
l'Homme"]
-
HENZELIN (Marc) et
ROTH
(Robert) (sous la direction de)
Le droit pénal à
l’épreuve de l’internationalisation
(Paris/Genève/Bruxelles : LGDJ/Georg/Bruylant, 2002,
XVII-355 p.).
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FORTON
(Jac)
L’affaire Pinochet. La justice
impossible
(Paris : L’Entreligne/Amnesty International, 2002, 288
p.).
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BADIE
(Bertrand)
La diplomatie des droits de l’Homme. Entre éthique et volonté de
puissance
Paris : Fayard, 2002, 324 p., collection “ L’espace du politique ”, 20
euros
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Politiste membre de
l’école mondialiste des relations internationales (cousine française
de l’approche world society développée par John Burton et ses
épigones), le professeur Bertrand Badie entreprend dans ce riche
ouvrage une critique du discours des droits de l’Homme sur la scène
internationale, qui n’est plus seulement interétatique mais de plus en
plus transnationale (pp. 269-313, thème dominant de l’approche
mondialiste qui s’oppose à l’approche réaliste qui, statocentrique, ne
reconnaît guère que le jeu des égoïsmes nationaux comme paradigme
d’une société internationale anarchique), et de l’apparition d’une
“ humanité méta-souveraine ”, justification de diverses formes
d’intervention. Il ne s’agit donc pas d’un livre de droit, mais d’une
éclairante étude politique dont les juristes tireront grandement
profit, en dépit de quelques menues erreurs factuelles et imprécisions
terminologiques (ex. tribunal international pénal au lieu de Cour
pénale internationale, p. 95), pour mieux appréhender la place des
normes dans notre monde en transition.
Au niveau des valeurs
fondant la société internationale, l’auteur rappelle le long
cheminement vers la reconnaissance universelle des droits de l’Homme
(pp. 19-82) pouvant être interprétée comme la victoire de Kant et
Rousseau sur Hobbes. Au niveau des pratiques, il recense les
invocations et applications des droits de l’Homme par les Etats, tout
en soulignant leurs paradoxes, tels que le couplage de la promotion
des droits de la personne par la diplomatie états-unienne avec le
soutien à l’islamisme en tant que rempart contre le matérialisme
soviétique (p. 89), ou en dénonçant l’hypocrisie des grandes
puissances occidentales qui continuent à soutenir des régimes peu
recommandables (pp. 102-113), ainsi qu'en mettant en garde contre le
risque, en imposant par les armes la démocratie, de favoriser le repli
identitaire et le rejet des normes internationales (pp. 155-164). La
combinaison de ces valeurs et pratiques modifie les rapports
interétatiques car “ il ne saurait y avoir de diplomatie des droits de
l’Homme sans droit de regard sur l’autre et sans accepter que l’autre
porte un regard sur soi : difficile et périlleuse dialectique qui fait
de l’ingérence l’accompagnement obligé d’une telle diplomatie et de
l’abandon de la souveraineté le débouché naturel et tacitement accepté
de la logique qu’elle instaure” (p. 91).
On peut toutefois
considérer que contrairement à ce qu’affirme le professeur Badie, il
ne s’agit pas d’un abandon du modèle westphalien puisque
l’organisation du monde en Etats souverains et égaux a pour
corollaires non seulement la prohibition de l’ingérence, mais aussi
l’institution d’un système de surveillance mutuelle. Si nouveauté il y
a, elle réside donc dans l’accentuation de ce dernier élément. En
revanche, on ne peut qu’être d’accord avec les constats que “ les ONG
et les acteurs de la société civile, notamment les syndicats, ont
accédé à davantage de force et de visibilité ” (p. 122) et que “ la
sécurité recherchée aujourd’hui ne ressemble plus à celle d’hier :
autrefois, la démocratie pouvait être dénoncée comme instable, voire
capable de menacer certains privilèges ; aujourd’hui, on retourne
volontiers le compliment aux dictateurs, dont la corruption dérange
les intérêts les mieux installés et dont l’arbitraire engendre les
turbulences les moins rassurantes” (p. 123).
Enfin, on tirera
bénéfice de l’analyse de la “ judiciarisation du monde ” (pp. 222-232)
et de l’émergence d’un “ nouvel ordre humanitaire ” (pp.258-268),
éléments constitutifs d’une véritable communauté internationale
à venir. Pour l’instant, on ne peut qu’observer que
“ l’interdépendance qui façonne notre monde contemporain conduit
lentement mais sûrement à une élaboration empirique de règles
nouvelles, dont la transgression conduit à intervenir : règles
distinctes du droit international, plus morales que formelles (…) dont
le bricolage quotidien dessine le contour d’un humanisme
transnational. ” (p. 321).
Philippe Ch.-A. Guillot |
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CREMONA (J.J.)
Selected
papers (T. II), 1990-2000
Malta :
Publishers Enterprises Group Ltd, 2002 |
L’éminent juriste maltais J.J.
Cremona ajoute à ses “ Selected Papers ” de 1946-1990 ceux de 1990-2000. Il y
livre un choix révélateur d’une belle production doctrinale inventoriée aux
pages 143 à 147, et d’une exceptionnelle expérience de juge, de praticien et
d’enseignant du droit international et du droit constitutionnel.
L’ancien vice-président de la Cour
européenne des droits de l’Homme s’attache à deux fondements de la jurisprudence
de cette juridiction : la proportionnalité (p. 31) et la Rule of law (p.
53). Puis il traite de quelques droits spécifiques : droits de l’accusé à un
interprète (art. 6 § 3), p. 43) et à être présent au tribunal (p. 91), et de
deux droits politiques : la liberté d’expression (art. 10, p. 16) et le droit à
de libres élections (art. 3 du protocole I, p. 68), droit qui traduit son
intérêt pour la Constitution.
Mais l’ancien Chief of Justice
et ancien Président de Malte est des plus qualifiés aussi pour traiter, outre la
présence de l’accusé dans la procédure maltaise (p. 91), de la “ Documentation ”
- en réalité des instruments officiels – sur les droits de l’Homme à Malte (p.
110) et de la suprématie de la Constitution maltaise sur les lois (section 6 de
la Constitution, p. 129).
Ces pages très vivantes expriment
une expérience exceptionnelle, une exposition claire et juste, un jugement
lucide et constructif, et confirme la ferme autorité de leur rédacteur et
l’ampleur de sa
contribution au Droit.
Raymond Goy |
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TAVERNIER
(Paul) (dir.)
Recueil juridique des droits de l'Homme en Afrique
(1996-2000)
Bruxelles : Bruylant, 2002, XXIII+1312 p., collection CREDHO, n° 2, 90 euros |
Fruit de la collaboration du
CREDHO Paris-Sud et du Centre for Human Rights de Pretoria, le Recueil
juridique des droits de l'Homme en Afrique se présente comme le pendant
francophone des Human Rights Law in Africa Series. Le Recueil
rassemble en effet dans son premier volume l'essentiel des informations
collectées par la revue anglo-saxonne depuis 1996 et se compose pareillement de
trois parties correspondant aux aspects universel, régional et nationaux de la
protection des droits de l'Homme en Afrique.
C'est ainsi que le premier
rapport, rédigé par le Professeur Paul TAVERNIER et Isabelle CAPETTE, met
l'accent sur les instruments internationaux de protection des droits de l'Homme
en vigueur dans les Etats africains, les conditions de leur mise en œuvre et le
rôle central joué par l'Organisation des Nations Unies dans la promotion et le
respect de ces droits. Viennent ensuite la contribution de Frans VILJOEN, qui
examine la protection juridique des droits de l'Homme offerte par l'OUA, et
celle de Jean-François AKANDJI KOMBE, qui évalue l'influence des accords conclus
entre l'Union européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et
celle de la francophonie sur la mise en œuvre des droits de l'Homme en Afrique.
Quant au dernier volet du Recueil, il se présente sous la forme d'une
étude systématique des droits nationaux africains. Trente-six Etats africains y
font en effet l'objet d'une notice individuelle et fouillée qui dépeint leur
situation géographique, économique et politique et fournit les repères
historiques essentiels à la compréhension de l'évolution de la protection des
droits de l'Homme ainsi qu'une liste des ONG œuvrant pour les droits de l'Homme
sur leur territoire et des instruments juridiques qu'ils ont ratifiés. Les
dispositions constitutionnelles de chaque Etat relatives aux droits de l'Homme
sont également reproduites.
Bien que les rapports évoqués
présentent la promotion et le respect des droits de l'Homme en Afrique sous des
angles différents, ils ont en commun de fournir des informations aussi précises
que possible sur leur thème d'étude, complétées par de riches bibliographies
thématiques et une importante bibliographie générale qui comprend des références
anglophones et francophones. De plus, ils fournissent une vision critique des
mécanismes destinés à assurer le respect des droits de l'Homme en Afrique : si
les progrès faits en la matière sont soulignés, les failles des systèmes
universel, régional et nationaux n'en sont pas moins dénoncées. Aussi le Recueil
ne manquera-t-il pas d'intéresser le plus grand nombre, du juriste au politicien
en passant par les citoyens, d'Afrique et d'ailleurs. Et cet intérêt devrait
aller croissant dans la mesure où les 17 Etats qui n'ont pas fait l'objet d'une
notice individuelle seront progressivement intégrés au Recueil. Il faut
espérer que la diffusion de cet ouvrage sera largement assurée car la traduction
en langue française de textes rédigés en anglais et souvent difficiles d'accès,
ainsi que l'analyse pointue qui en est faite, en font un instrument privilégié
de la promotion des droits de l'Homme et contribue par conséquent à leur
respect.
Céline Renaut |
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Institut pour les droits humains et le
développement (Banjul, Gambie),
Compilation des décisions sur les communications de la Commission africaine des
droits de l’Homme et des Peuples. Extraits des rapports d’activités 1994-2001,
Banjul : Institut
pour les droits humains et le développement, 2002, VIII-464 p. |
Cette compilation des décisions
prises par la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples dans le
cadre des communications présentées en vertu de l’article 55 de la Charte vient
à son heure et constitue un instrument de travail extrêmement précieux pour la
connaissance d’une “ jurisprudence ” apparue timidement à partir de 1994.
Celle-ci s’affirme de plus en plus en s’inspirant du modèle du Comité des droits
de l’Homme des Nations Unies, mais elle peut s’appuyer, à la différence de
celui-ci, sur un instrument englobant l’ensemble des droits de l’Homme et des
peuples et pas seulement les droits civils et politiques. Un tel avantage vient
de trouver une confirmation éclatante avec la décision du 27 mai 2002 concernant
l’Ogoniland au Nigeria où la Commission africaine a reconnu la violation
par le Nigeria de plusieurs articles de la Charte et notamment de l’article 24
qui consacre le droit à un environnement “ satisfaisant et global ” (voir à ce
sujet le commentaire de Dinah Shelton dans l’American Journal of
International Law, vol. 96, n° 4, october 2002, pp. 937-942). Souhaitons que
cette jurisprudence novatrice et en pleine expansion, qui est maintenant
facilement accessible au public francophone (une édition anglaise de l’ouvrage
est également disponible) grâce à la Compilation publiée par l’Institut de
Banjul, suscite de nombreuses analyses et études. Celles-ci sont en effet encore
peu nombreuses [voir par exemple, Frans Viljoen, “ Vue d’ensemble du système
régional africain des droits de l’Homme ”, pp. 323-447, notamment pp. 369-408,
in Paul Tavernier (sous la direction de), Recueil juridique des droits de
l’Homme en Afrique (1996-2000), Bruxelles : Bruylant, 2002, XXIII-1312 p.].
Souhaitons également que cette deuxième édition de la Compilation soit mieux
diffusée que la première qui était restée confidentielle et qu’elle soit suivie
bientôt d’une troisième édition.
Paul Tavernier
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MOULIER
(Isabelle)
Namibie. GANUPT
(1989-1990)
Paris :
Editions Pedone, 2002, 230 p., coll.
CEDIN Paris I, L’ONU et les
opérations de maintien de la paix |
Cet ouvrage s’inscrit dans la
collection du CEDIN consacrée aux opérations de maintien de la paix qui compte
déjà un nombre impressionnant de titres. Dans ce cadre, Isabelle Moulier nous
présente avec beaucoup de précision et de clarté les difficultés rencontrées
pour mettre en place ce qu’elle considère comme “ l’archétype d’une opération de
maintien de la paix de la seconde génération ” (1ère partie). Puis
elle expose comment le GANUPT (Groupe d’assistance des Nations Unies pour la
période de transition en Namibie) a contribué à la naissance d’une Nation (2ème
partie). L’auteur s’attache non seulement à montrer les obstacles et les
embûches que les Nations Unies ont dû surmonter dans la mise en œuvre effective
du plan d’indépendance, mais elle consacre d’importants développements à tirer
les leçons de cette opération exemplaire, à bien des égards, et qui servit pour
d’autres expériences ultérieures, dans des contextes bien différents (notamment
au Cambodge).
L’étude d’Isabelle Moulier
n’intéressera pas uniquement ceux que préoccupent les questions de la sécurité
internationale et du maintien de la paix : elle aborde de nombreux problèmes qui
touchent aux droits de l’Homme. En effet, l’opération mise en place en Namibie
avait pour but essentiel de permettre l’exercice par le peuple namibien du droit
à l’autodétermination, inscrit en tête des deux Pactes des Nations Unies
relatifs aux droits économiques, sociaux et culturels, et des droits civils et
politiques. L’obstacle majeur à cet exercice était constitué par la présence sur
place du régime sud-africain pratiquant une politique d’apartheid dénoncée
depuis de nombreuses années par les Nations Unies comme une violation massive
des droits de l’homme. Sur tous ces points, on trouvera des informations
précises, notamment sur l’important travail réalisé par le GANUPT pour préparer
le processus électoral et assurer son bon déroulement. Jamais jusqu’alors les
Nations Unies n’étaient allées aussi loin dans la gestion des questions qui
relèvent de la compétence des Etats. D’autres aspects touchent aussi au respect
des droits de l’Homme et sont mentionnés, en particulier l’opération de
rapatriement des réfugiés.
En définitive Isabelle Moulier
a raison de souligner dans sa conclusion que “ dans le cadre des opérations de
maintien de la paix de la seconde génération, la mise en œuvre de la notion de
democracy building revêt un caractère fondamental ”. On ne peut donc que
recommander la lecture de cette très utile monographie qui invite à la
réflexion. On formulera toutefois un regret : l’auteur ne fait pas ressortir
suffisamment, à notre avis, que le GANUPT avait été mis sur pied – et sur le
papier – dès 1978 et qu’il a fallu attendre plus de dix ans pour surmonter les
contradictions et être en mesure de déployer cette opération sur le terrain.
Cela ne tient probablement pas tellement à la fin de la guerre froide, mais
plutôt à l’évolution, très lente, du rapport des forces entre un mouvement de
libération finalement assez faible en dépit de l’appui de la Communauté
internationale, et un Etat, pratiquant l’apartheid et mis au ban de l’ONU, mais
qui se révélait cependant extrêmement puissant.
Paul Tavernier
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GOY
(Raymond)
La Cour
internationale de Justice et les droits de l’Homme
Bruxelles : Nemesis-Bruylant,
2002, 222 p. |
Raymond Goy avait déjà donné
une étude sur “ La Cour permanente de Justice internationale et les droits de
l’Homme ” parue dans le Liber Amicorum Marc-André Eissen (Bruxelles :
Bruylant, 1995, pp. 199-232). L’ouvrage qu’il publie maintenant prolonge cette
étude en montrant que “ l ‘apport de la jurisprudence de la Cour de La Haye en
matière de droits de l’Homme ne saurait être sous-estimé, mais reste trop
modeste ”. Il semble avoir atteint son apogée avec le fameux dictum rendu
dans l’affaire de la Barcelona Traction en 1970 qui a fait couler
beaucoup d’encre… Mais en dehors de cette consécration du jus cogens,
largement admise désormais bien qu’elle soit encore discutée, l’auteur nous
montre, par une étude minutieuse des arrêts et des avis consultatifs, mais aussi
des opinions séparées, concordantes et dissidentes de certains juges, que la
Cour internationale de Justice a contribué à une protection accrue des droits de
l’Homme (sur le plan de leur reconnaissance internationale et de leur garantie)
et à une protection diversifiée (de nombreux droits ayant été évoqués devant
elle : droits civils et politiques, mais aussi droits économiques, sociaux et
culturels et certains droits “ globaux ”. Dans sa conclusion, Raymond Goy
suggère des réformes pour améliorer la garantie, permettant une sorte d’actio
popularis. Mais cela suppose une révision du Statut de la Cour et l’accord
des Etats, ce qui posera certainement problème.
L’ouvrage est complété par
d’abondantes annexes reproduisant les passages principaux des décisions de la
Cour et des opinions des juges (pp. 129-205). Un index alphabétique facilite la
consultation.
Paul Tavernier |
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BERNARDET
(Philippe), DOURAKI (Thomaïs) et
VAILLANT (Corinne)
Psychiatrie, droits de l’Homme et défense des usagers en Europe
Ramonville Saint-Agne : Erès,
2002, 359 p. |
Cet ouvrage est le fruit de la
collaboration d’un sociologue, Philippe Bernardet, d’une juriste spécialiste du
droit de la santé mentale et correspondante du CREDHO en Grèce, Thomaïs Douraki
et d’une avocate au Barreau de Paris, Corinne Vaillant. Cette collaboration a
abouti à un livre dense et qui suscite la réflexion sur les problèmes complexes
auxquels les sociétés européennes sont confrontées depuis longtemps et notamment
depuis le XIXème siècle, la loi française de 1838 ayant constitué à l’époque un
grand progrès en instaurant l’obligation d’organiser l’assistance aux aliénés.
Toutefois à l’exclusion, moyen de la spécialisation et de l’assistance, a
succédé l’ouverture de l’asile comme mode d’accès au soin et l’affirmation des
droits des patients et de la dignité du malade, sous la pression des
associations de patients et de professionnels. Après avoir posé les problèmes
d’une manière générale dans le premier chapitre, les auteurs envisagent ensuite
les législations et la jurisprudence des pays européens. L’étude comparative des
critères de contrainte, des pouvoirs du juge et des solutions jurisprudentielles
est extrêmement poussée. Les aspects proprement internationaux sont ensuite
abordés et font l’objet d’amples développements. L’accent est mis sur la
contribution du Conseil de l’Europe en la matière, et particulièrement sur
l’apport de la Convention européenne des droits de l’Homme, avec l’abondante
jurisprudence que les organes de la Convention ont élaborée sur le sujet : les
principales affaires sont analysées en détail alors qu’une liste exhaustive,
chronologique et par pays, figure en annexe (pp. 335-340).
Les limites du contrôle
européen ne sont pas passées sous silence, notamment l’importante marge
d’appréciation laissée aux Etats ou la possibilité d’écarter une requête comme
étant manifestement mal fondée ou incompatible avec les dispositions de la
Convention.
On ne peut qu’être impressionné
par l’ampleur et la profondeur des réflexions que les auteurs de cet ouvrage
nous présentent sur des sujets très délicats et d’une brûlante actualité, comme
en témoignent les quatre arrêts rendus par la Cour de Strasbourg en 2002 contre
la France sur des problèmes d’internement psychiatrique (violation des articles
5 et 6 de la Convention).
Paul Tavernier |
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ALDEEB ABU-SAHLIEH
(Samir A.)
Les
Musulmans en Occident entre droits et devoirs (préface de Guy Hennebelle) Paris : L’Harmattan,
2001, 296 p.
et
Cimetière
musulman en Occident. Normes juives, chrétiennes et musulmanes
(préface
de Michel Rossetti)
Paris : L’Harmattan, 2002, 168 p. |
L’auteur de ces deux ouvrages a publié déjà de nombreuses études
sur la conception (ou les conceptions) musulmane(s) des droits de l’Homme et les
conceptions qu’il qualifie d’ “ occidentales ” (voir les comptes-rendus d’Abdelwahab
Biad dans la bibliographie “ Islam et droits de l’Homme ”). On retrouve ici les qualités et les limites de la méthode
de raisonnement et d’exposition des problèmes qu’il a adoptée. L’un des plus
grands mérites de ce chrétien palestinien qui vit en Suisse est d’obliger les
Européens à réfléchir aux relations qui doivent s’établir avec les Musulmans qui
vivent sur leur continent. On trouvera donc dans ces deux livres qui se
complètent, le deuxième reprenant et développant le dernier chapitre du premier,
une information précise et détaillée sur pratiquement tous les aspects religieux
et juridiques du statut des Musulmans en Suisse : reconnaissance de l’Islam,
liberté de religion et de culte, école, droit de la famille (appelé curieusement
“ droit de famille ”), interdits alimentaires, et cimetières religieux. Cet
exposé (figurant dans la 3ème partie) occupe les trois quarts de
l’ouvrage sur les Musulmans en Occident (pp. 73-256) alors que les deux
premières parties consacrées respectivement à la conception musulmane des
minorités et aux minorités en Suisse, ne représentent qu’un quart de l’ensemble.
L’auteur nous invite donc à participer à ce grand débat entre
l’Islam et les autres conceptions du Monde et ne peut laisser indifférent tous
ceux qui sont attachés non seulement au dialogue des cultures et des
civilisations, de préférence au choc de celles-ci, mais aussi – et surtout – à
l’universalité des droits de l’Homme. La contribution d’Aldeeb Abu-Salieh à ce
débat est précieuse par la somme des informations qu’elle fournit. Cependant
l’auteur s’arrête en chemin et le lecteur reste sur sa faim. Il use – et abuse –
des citations, il confronte systématiquement les normes musulmanes et les normes
suisses (dans le premier ouvrage), les normes juives, chrétiennes, musulmanes et
suisses dans l’ouvrage consacré aux cimetières, mais il propose rarement un
diagnostic et une solution aux contradictions qui ressortent –implicitement- de
son exposé. Il est d’ailleurs conscient de cette limite puisque, citant Mahomet
dans l’introduction à son premier ouvrage, il revendique le bénéfice de
l’effort, même si le jugement n’est pas approprié. L’effort d’information et de
documentation est incontestable et très sérieux, en revanche, le jugement est
souvent absent. Il apparaît brièvement dans la conclusion du premier ouvrage où
le ton est malheureusement trop polémique par rapport au style général du livre
et les contradictions personnelles de l’auteur apparaissent nettement en
filigrane. En revanche, et quelque peu paradoxalement, la conclusion de
l’ouvrage sur les cimetières est beaucoup plus ferme. Aldeeb Abu-Salieh
préconise la paix des morts et nous ne pouvons que souscrire à son appel en ce
sens : “ Mettons donc un terme à nos vanités et à nos pensées malsaines et
acceptons-nous les uns les autres, tant vivants que morts ”.
Par ailleurs, l’auteur soutient que l’Islam, comme le
christianisme ou le judaïsme, sont des notions abstraites qui n’existent pas. En
revanche, il emploie abondamment la notion d’ “ Occident ” et d’occidental qui
nous paraît tout aussi abstraite. Est-ce une notion géographique, politique,
idéologique ou religieuse ? De plus, la plupart de ses développements se
limitent au cas suisse, qui est certes un Etat européen occidental, mais une
telle limitation diminue beaucoup la force probante de la démonstration et la
valeur scientifique de l’étude (on peut noter à cet égard que la jurisprudence
des organes de la Convention européenne des droits de l’Homme n’est mentionnée
que dans la mesure où elle est citée par les tribunaux suisses, ce qui est très
restrictif).
Un autre défaut de ces deux ouvrages est d’esquiver le problème
fondamental et central de la laïcité, notion dont les racines chrétiennes sont
incontestables, mais qui revêt diverses formes et devrait pouvoir intégrer les
exigences d’un islam ijtihadi, c’est-à-dire “ aggiornamentisé ” selon la
formule de Guy Hennebelle. Michel Rossetti a parfaitement raison d’attirer
l’attention sur ce problème capital.
Malgré les défauts méthodologiques, on ne peut que recommander la
lecture de ces deux ouvrages qui contribuent à diminuer les incompréhensions et
les ignorances entre les cultures.
Paul Tavernier
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HENZELIN (Marc) et
ROTH
(Robert) (sous la direction de)
Le droit pénal à l’épreuve de
l’internationalisation
Paris/Genève/Bruxelles : LGDJ/Georg/Bruylant,
2002, XVII-355 p. |
Le droit pénal et l’Etat apparaissaient traditionnellement comme
indissociables, mais on assiste actuellement à un mouvement
d’internationalisation. C’est à l’interaction de ces deux logiques, nationale et
internationale, que s’étaient intéressés les participants au colloque organisé
en mars 2001 à l’Université de Genève. L’ouvrage recensé présente leurs
contributions, qui sont toutes de grande qualité, et montre les difficultés
d’une justice pénale internationale. La matière est divisée en quatre parties
consacrées à l’émergence du droit pénal international, à la mise en place de
celui-ci, aux principes pénaux en droit pénal international et à la punition des
criminels internationaux.
Des réflexions de ces universitaires et de ces praticiens se dégage la
diversité de l’approche des droits nationaux et du droit international, mais
aussi du droit pénal et des droits de l’Homme. Serge Sur souligne que les
tribunaux pénaux internationaux et la Cour pénale internationale obéissent à
deux logiques opposées, celle du retour à la paix dans un cas et celle d’une
justice autonome dans l’autre. Quant à Marc Henzelin, dans une longue étude, il
met en lumière le “ choc des cultures ” entre le droit international pénal et
les droits pénaux étatiques. Marco Sassoli présente le cas très particulier des
territoires se trouvant sous administration internationale (Kosovo et
Timor-oriental) : celui-ci pose dans des termes tout à fait spécifiques la
problématique des rapports entre droit international pénal et droit pénal
interne. Alors qu’on pouvait croire que droit pénal international et droit
international des droits de l’Homme étaient complémentaires, William Schabas se
demande s’il ne s’agit pas de “ faux frères ” et montre leurs différences, en
analysant notamment la jurisprudence des tribunaux pénaux internationaux.
Plusieurs autres contributions vont dans le même sens. Le juge Vandermeersch
montre, à travers l’exemple belge, les limites de la compétence universelle du
fait de l’immunité attachée à la qualité officielle. Quant à la fonction
punitive, elle ne répond pas à la même nécessité en droit pénal interne et
international (Kai Ambos) et l’absence de légalité des peines et
l’indétermination dans l’échelle des peines devant les tribunaux pénaux
internationaux peut surprendre le pénaliste non internationaliste (Pierrette
Poncella).
De cette confrontation des logiques du droit pénal et du droit
international, mais aussi du droit pénal et des droits de l’Homme, il résulte un
ouvrage très stimulant, dont la lecture doit être recommandée pour tous ceux qui
veulent comprendre ce formidable développement du droit pénal international et
de la justice pénale internationale auquel nous assistons actuellement.
Paul Tavernier |
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FORTON
(Jac)
L’affaire Pinochet. La justice
impossible
Paris : L’Entreligne/Amnesty International, 2002, 288 p. |
Un dossier complet et bien
documenté qui retrace la longue histoire de cette affaire, notamment la période
de la dictature (1973-1990) et la période d’impunité (1990-1998) suivie par les
nombreuses péripéties depuis l’arrestation du dictateur en octobre 1998, la
scène se déroulant essentiellement à Londres et à Santiago du Chili, mais aussi
éventuellement en France si un procès par contumace était organisé. Ce livre
militant fourmille d’informations parfois mal connues et qui seront utiles pour
tous ceux qui s’intéressent au respect des droits de l’Homme et à la Justice.
Paul Tavernier |
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