Ouverture par M. Jacques
Francillon, Vice-Doyen de la Faculté Jean Monnet
Le doyen Faugère aurait bien
aimé être parmi nous ce matin mais il est retenu au Liban. Il ne peut donc pas
présenter comme il l'avait fait l'année dernière ses souhaits de bienvenue. Il
m'a chargé de le représenter et en ma qualité de vice doyen je voudrais, comme
l'a fait Paul Tavernier, présenter au nom de la Faculté mes très vifs
remerciements à M. l'avocat général Régis De Gouttes. Vous nous faîtes l'honneur
de présider ce colloque et vous lui donnez un lustre dont nous vous sommes
infiniment reconnaissants.
Je remercie très vivement Mme
Tulkens d'être parmi nous. Votre présence nous honore. Vous êtes une très grande
spécialiste et je vous retrouve avec le plus grand plaisir personnellement. Je
pense que vos interventions aux uns et aux autres, seront extrêmement
enrichissantes.
J'adresse également mes vifs
remerciements aux intervenants. Certains de mes excellents collègues sont parmi
nous. Les participants nous apportent également leur compétence et leur présence
rendra ce colloque extrêmement riche. Je suppose en effet qu'il y aura beaucoup
d'interventions comme les années précédentes.
Je manquerais à mes devoirs si
je ne remerciais pas Mme Lambert qui est passée maître dans l'art d'organiser
nos colloques et si je ne remerciais pas mon ami Paul Tavernier, notre maître de
cérémonie.
Ce colloque me paraît
remarquable à plus d'un titre. D'abord parce qu'il est récurrent. L'observation
avait été faite l'année dernière par le doyen Faugère lors de la septième
session et par conséquent je n'insisterai pas, sinon pour souligner que la
formule est bonne, qu'elle n'est pas près de disparaître vu le rythme auquel les
arrêts de la Cour européenne se succèdent. D'ailleurs cette disparition ne
serait pas souhaitable parce que ce colloque laisse toujours des traces : il y a
la publication toujours régulière des Actes dans les Cahiers du CREDHO.
Dans ces conditions, il est tout à fait naturel que le soutien de la Faculté
n'ait pas manqué à l'organisateur et à son Centre de recherches.
Remarquable ce colloque l'est à
un second titre. Il fait suite aux deux journées qui ont été organisées il y a
deux mois par l'Institut Charles Dumoulin. Deux journées qui ont porté sur le
thème de l'interprétation nationale de la Convention de Rome. Ces journées
s'inscrivaient dans le champ des recherches qui ont été entreprises à la Faculté
Jean Monnet, dont c'est la vocation de se tourner vers l'Europe.
Le colloque d'aujourd'hui
prolonge opportunément les journées d'hier : on glisse de l'Europe communautaire
à l'Europe des droits de l'Homme.
Même si les thèmes retenus ne se
situent pas sur le même plan, ils témoignent du caractère incontournable du
droit européen et particulièrement de la jurisprudence de la Cour européenne des
droits de l'Homme. Car c'est désormais un fait acquis, cette jurisprudence
imprègne les esprits des juges, bien sûr, mais aussi la doctrine, et cela de
plus en plus. J'ai été frappé à la lecture d'un ouvrage récent de voir que
l'objectif des auteurs était de "faire sortir la procédure pénale de son ghetto
technique". Ce qui d'ailleurs n'était pas très aimable à l'égard des auteurs qui
avaient publié précédemment.
Moyennant quoi, toute la
première partie de l'ouvrage est éclairée par les principes du droit européen
des droits de l'Homme d'une manière qui est peut-être un peu excessive, mais qui
permet de voir d'où le vent souffle.
Quant à nos juges, je veux
parler des juridictions internes, force est de constater qu'ils deviennent
vigilants quant au respect de la Convention au point de s'incliner parfois
séance tenante devant la jurisprudence de la Cour, voire d' anticiper sur une
éventuelle jurisprudence à venir.
Cela étant, ce colloque est
encore remarquable à un autre titre. Parce qu'il met en évidence deux des
notions fondamentales qui traversent la Convention européenne des droits de
l'Homme, qui l'imprègnent et qui imprègnent aussi la jurisprudence de la Cour :
la notion d'équité et la notion de liberté.
L'équité, c'est une notion dont
le juriste se méfie. Vous vous rappelez des formules, "gardons nous de l'équité
des parlements" et de celle du bon juge préférant les garanties du droit. Mais
ce dont il est question ici, on l'aura compris, c'est de la garantie d'un procès
équitable. Or le législateur a bien appris les leçons strasbourgeoises. Il a
d'abord consacré un nouveau droit subjectif, l'article 9-1 du Code civil, chacun
a droit au respect de la présomption d'innocence et pas seulement de la vie
privée.
Il a ensuite rédigé la fameuse
loi sur la présomption d'innocence, en introduisant en tête du Code de procédure
pénale quelques-uns des grands principes qui sont consacrés par la Convention,
telle qu'interprétée par la Cour européenne des droits de l'Homme. La procédure
pénale, est-il écrit en tête de ce Code, doit être équitable et donc préserver
l'équilibre des droits des parties.
Avec la notion de liberté, qui
est plus encore au coeur de la Convention, on retrouve cette même idée
d'équilibre. Une idée qui autorise certaines ingérences, des ingérences dans
l'exercice des libertés. Où se situe le point d'équilibre ? Que la jurisprudence
de la Cour soit là pour nous éclairer, il est bien clair que c'est très utile.
Mais toute marge nationale d'appréciation, je pense, ne doit pas disparaître
pour autant. Ce colloque sera l'occasion d'alimenter nos réflexions et il
témoigne aussi de la vitalité de nos Centres de recherches.
Je souhaite pour ma part, et au
nom de la Faculté Jean Monnet, que vos travaux soient fructueux et intéressants.
M. Paul Tavernier
(...)
Mme Catherine Teitjen-Colly, qui
est directrice de l'IEDP, dont fait partie le CREDHO, s'excuse de ne pas être
ici ce matin car elle est retenue par des tâches universitaires. Elle espère
pouvoir venir un peu plus tard. Elle s'excuse notamment auprès des intervenants
de la matinée et auprès de M. de Gouttes et de Mme Tulkens.
|